lundi 30 avril 2012

La crique

La tempête m'a ballotée ces derniers jours.
Battue, trempée, épuisée,
J'étais à deux doigts de sombrer corps et âme.

Le flot m'a amenée dans une crique où faire halte.
Le silence et la paix.
Le repos.
La douceur des liens vrais.

La tristesse est là, présente,
mais les larmes sont douces.
Calme bienfaisant



 En écho, un extrait de le l'Odyssée, la rencontre d'Ulysse et de Nausicaa ( traduction trouvée ici)



119. « Hélas ! chez quels peuples suis-je donc arrivé ? Sont-ce des barbares cruels et injustes, ou des hommes hospitaliers qui respectent au fond du cœur les dieux immortels ? Des voix de femmes ont frappé mon oreille ; mais ce sont peut-être celles des nymphes qui habitent les sommets élevés des montagnes, les sources des fleuves et les verdoyantes prairies. Serais-je près de quelques mortels à la voix humaine ? Levons-nous, et essayons de voir où nous sommes. »

127 En parlant ainsi, le divin Ulysse sort de son taillis. Le héros de sa main vigoureuse rompt, dans le bois épais, une branche chargée de feuilles pour voiler son corps et sa pudeur ; il s'avance comme le lion nourri dans les montagnes, qui, se fiant à sa force, brave les pluies et les orages ; la flamme brille dans les yeux du lion, et il se précipite sur les bœufs, sur les brebis, sur les cerfs de la forêt ; mais la faim l'excite encore à fondre sur les troupeaux en pénétrant jusque dans leurs étables fermées de toutes parts : de même Ulysse marche vers ces jeunes filles, quoiqu'il soit sans vêtement ; car la nécessité l'y contraint. Souillé par l'onde amère, le héros leur apparaît si horrible qu'elles fuient de tous côtés sur les roches élevées qui bordent la mer. La fille d'Alcinoüs seule reste en ces lieux : Minerve a déposé dans l'âme de Nausicaa une audace nouvelle en bannissant toute crainte de son cœur. Tandis que la jeune vierge s'arrête avec courage en face du héros, Ulysse délibère en lui-même s'il saisira les genoux de la jeune fille, ou, se tenant éloigné, s'il la suppliera par de douces paroles de lui enseigner le chemin de la ville et de lui donner des vêtements ; il croit cependant préférable de se tenir loin de Nausicaa pour l'implorer, de peur qu'elle ne s'irrite s'il embrassait ses beaux genoux.

samedi 28 avril 2012

La coquille éclatée

Coquille éclatée,
coeur à nu.

Corps brisé,
de coups ténus.

Voix cassée,
larmes bues.

Vie lavée,
illusions tues.

Espoir étonné,
où es-tu

Ce quelque chose entre nous


Ce soir mon cœur chante cette phrase que tu as prononcée
"Ce quelque chose entre nous"
5 mots pleins qui chantent notre complicité
nos regards amusés, nos vies partagées

Ce quelque chose entre nous
5 mots pleins qui chantent notre amitié
nos rires partagés, nos bras enlacés

Ce quelque chose entre nous
5 mots qui ne disent qu'à moitié ce que nous avons partagés
la force du lien qui nous a habité

Tempête






La tempête a été si forte hier,
que j'ai bien cru sombrer corps et âme.

L'écoute et le lien,
seuls fanaux, et si précieux.

Aujourd'hui, tout est apaisé.

La mer resplendit,
belle de tous les mystères présents et à venir.


mercredi 25 avril 2012

Cette question-là

Est-il vraiment possible de concilier l'amour amoureux et l'ouverture au monde ?
Cette question-là, au moment où Eros s'est évaporé de ma vie, et alors même que l'amour qui dilate le cœur et met en lien n'a jamais été aussi présent.
Etrange équation inconnue.

La louve



En terre sauvage, seule la rectitude compte.
 Jouer son propre rôle, 
celui qui vous a été donné, 
sans ménager ses forces, de son mieux.


 

  
Trouver sa meute quand elle existe,
vivre solitaire s'il le faut,
éviter les pièges,
ne jamais abandonner.
Passer tant bien que mal les hivers rigoureux, 
en protégeant les louveteaux,
en songeant au printemps nouveau.




Hurler à la lune son amour de la vie, 
jusqu’à la mort.





La meute est composée de parents proches qui partagent des objectifs communs. Il faut avoir une idée précise de ce qu'est une société clanique pour comprendre le fonctionnement de la meute. C'est d'abord la recherche d'un consensus, et la réelle volonté d'être ensemble qui oriente le groupe. Et il est possible à un loup, plus facilement qu'à un membre d'un clan humain, de changer de clan. Le lien du clan, est d'abord un lien chimique, un lien d'odeur, et cette odeur définit l'identité.
Moukmouk de Ponéhégamouk, l'amour des loups

à lire aussi ( et à entendre) : Souvenir de la Rêveuse


lundi 23 avril 2012

Le désert blanc

Je suis assise là, dans ce grand désert blanc
J'écoute mon cœur qui bat, les yeux fermés.


Je sens des présences autour de moi et ouvre les yeux. 
Dans la lumière éblouissante, trois silhouettes blanches, trois femmes, s'approchent.

Une jeune fille de 17 ans, 
les yeux émerveillés par son premier amour, 
pivoine blanche.

Une petite fille de 6 ans, 
déjà trop grave. 
Pivoine rose.

Une femme dont je ne distingue pas le visage. 
Pivoine rouge.


Elles ne parlent pas. Elles sont là, simplement, presque diaphanes.
Consistance de fantômes.

Faits de toutes ces mots non dits, 
de ces  larmes non pleurées, 
de ces blessures masquées, 
de ces deuils béants, 
de ces espoirs flétris.

De tous ces rires retenus, 
de ces caresses non données, non reçues,
de ces regards détournés,
de tout cet amour refusé.


Elles ne sont que l'avant garde de toute une armée d'ombres.
C'était ça, ce grand désert blanc, toutes ces silhouettes de souffrance, de vie non vécue !

 L'Enfer de Dante, par Gustave Doré


Ma colère se lève en tempête devant cette désolation. 
Il me faut d'un coup sauter sur mes pieds
leur ouvrir les bras.


Je les enlace, 
les étreins, 
les pétris, 
les malaxe, 
pleure dans leur cou, 
saisis leurs mains.


Des déluges de larmes naissent les rires
des rires la danse, 
de la danse la vie.
 La Danse - Matisse


Et le désert fleurit.

 Nungurrayi Gabriella Possum - le rêve de cendre pour femme




Ajout du 25/04, en écho
Comme sont subtils et nombreux, et lourds à porter, nos fourvoiements, nos pensées secrètes, nos espérances inavouées, les gestes que nous attendons d'autrui, ceux que nous retenons, les mots que nous voulons entendre, ceux que nous entendons et qui n'ont pas été dits.
 La Conversation amoureuse - Alice Ferney

La rose



« La rose est sans pourquoi,
elle fleurit parce qu'elle fleurit,
elle ne se soucie pas d'elle-même,
elle ne se demande pas si on la voit. »

(Angelus Silesius, Livre I, 289)

dimanche 22 avril 2012

La flamme du désir


Que tu es ma belle ma bien-aimée
Mon cœur pleure de te savoir aimée
Par un autre que moi

Quelle culpabilité de t'avoir annoncé
Que mon cœur aspire à être près de toi

Quelle tristesse de te savoir aimée
Mon cœur saigne à devoir te quitter

Que tu es belle ma bien-aimée
Nul mot n'est digne de t'approcher

Ta douceur
Ta beauté
Ton regard
Ta silhouette

Nul mot n'est digne de t'approcher

Je voudrai te prendre, te porter, te saisir
T'emmener sur la vague du désir qui me porte

Et pourtant, je le sais, je ne peux m'approcher

Je voudrai t'offrir
La chaleur de mon corps
La flamme de mon désir
La porte de mon cœur

Dis-moi ma bien-aimée, ce que tu veux de moi

Je voudrai dompter cette flamme
Ce feu qui brûle en moi
Et pourtant je le sais, cela est hors de moi
Dis moi ma bien-aimée ce que tu veux de moi

De l'autre côté

De l'autre côté de la porte blanche, le paysage change.

Ce vent qui souffle, le vent du passage. 
Me poussant, embrouillant mes cheveux.
Violent, froid. Je frissonne et ferme les yeux, glacée. 

Quand je les ouvre, le paysage a encore changé. 
La porte a disparu, le monde ancien aussi.
A perte de vue, le désert de glace, et ce bruit assourdissant.

C'est mon cœur qui bat.

Souffle coupé. Panique à bord. Yeux brûlés de larmes.
Que faire ?

Rien, dit-elle, avec un sourire.
Assieds-toi.
Ton cœur bat, c'est que tu es vivante . Quel cadeau !
Savoure, profite, souris, ma belle, dit-elle.

Alors, je m'assois et ferme les yeux.
Prendre le temps.
Sentir la chaleur à l'intérieur, ce cœur qui bat.

La peur s'éloigne, le souffle prend de l'ampleur à nouveau, la vie revient.

Il y aura d'autres moments d'angoisse, bien sûr. 

L'amour, c'est ce qui surgit de l'intérieur du rien. Celui-là est invincible.

samedi 21 avril 2012

Une porte

Une porte est apparue.
Blanche, toute simple.

Je l'ouvre et m'arrête un instant sur ce seuil.

Tout ressemble et est autre à la fois.
Tous ces choix qui redeviennent possibles dorénavant.
Je soupire. A l'orée de cette vie-là, un frisson me parcourt.

Pas de nostalgie.
Rien à regretter.
Pas envie de me retourner, ça  non.

Pas de crainte ni d'excitation.
Comme une gravité. 
A moi de trouver ma route. Celle qui a du coeur, comme le dit don Juan.

Peut-être cette fois-ci la laisser naître de chaque pas. Sans hâte excessive.
Car ce n'est pas un jeu, je le sais à présent.La mort est là, la vie avec elle.
Unique. Fragile.
Dans ce corps-là.
Dans cet inspir, cet expir-là.



Maintenant.

Instantanés

Je ne savais comment t'en parler, dit-elle car je craignais ta réaction.
Comment pourrais-je ne pas me réjouir avec elle de ce qui la rend si heureuse ?
La légèreté est parfois ce qui est le plus juste.
Même si.
Comment pourrais-je la juger ?



L'intensité de ces dernières 24 heures, cette amitié profonde qui nous unit.
Les mots, les regards, les pas, les saveurs, les rires, les partages, l'émotion.
Cette lumière qui baigne ce temps-là, précieuse entre toutes.
Présence, bien sûr, de chacun d'entre eux, petits et grands.

Nous sommes reliés, sans aucun doute, jusque dans nos rêves.

Le tigre et l'enfant


Au cours de ses voyages, le tigre rencontra une lionne
Une femelle solitaire qui protégeait un enfant

Le tigre s'approcha de la lionne et rencontra son regard

Il frissonna de tout son être
Une vague puissante apparut
et le transportât dans une terre inconnue


Le tigre était perdu
Il  cherchait la lionne
Il guettait son regard
Le manque apparut

Il cherchait son visage
Il cherchait cette flamme

Il errait seul et courrait jusqu'à s'épuiser

Lorsque le tigre rencontra un enfant
un enfant d'homme, un enfant de 2 ans

Le tigre fut pris de pitié pour cet enfant perdu
Que fais-tu là au milieu de ce pays ?

L'enfant était perdu, sa mère avait disparu
Il cherchait son regard et pleurait, abattu

Le tigre prit l'enfant dans ses pattes puissantes
Le consola et l'emporta avec lui

L'eau et le tigre



Le tigre est un oiseau, il vole sur les cimes des cieux.
En un instant, son âme décolle lorsqu'il parle à Dieu

Le tigre est un poisson, il ne connait pas de maison.
Son âme ne connait  ni attache, ni pays, ni passion

Le tigre est comme l'eau, il connait la transformation.
Neige, glace, pluie, lac, mer, grèle, vapeur, ou flocon

Il traverse le temps
Il attend
Il rugit
Il écrit

Le tigre est un homme qui s'écoule jusqu'à Dieu !

vendredi 20 avril 2012

Donnée


Cette légèreté-là est douce comme un flocon.
Celle de ne rien laisser trainer dans la relation.
Ni mensonge, ni non-dit, ni attente, ni regret.
Que le présent.


Un air pur, celui des glaciers tranquilles. Bleu neige.

Dire et se dire.
Jubiler comme pour les premiers mots. Ceux qu'on goûte.  Ceux qui créent.
Saveur spéciale. Donnée.

jeudi 19 avril 2012

Dans les épreuves

Il est des épreuves qu'on ne peut que traverser seul(e).

L'amitié dans ces moments-là est une présence douce, tranquille, 
une des manifestations de cette force de confiance, de lien, qui me porte, par-delà mes possibles.

Trouver la quintessence de la vie, 
dans une forme nouvelle, 
non encore manifestée.

dimanche 15 avril 2012

Etonnements

Sur ce chemin d'amitié, les surprises surgissent à chaque pas,
fleurs sauvages aux couleurs brillantes,
multiples et généreuses.
Si vivaces en terre, flétries aussitôt cueillies.

Laissons-les vivre, et nous étonner.

ton futur roman ?
(un clic sur l'image pour accéder aux merveilles de Sue Blackwell)

samedi 14 avril 2012

Ce qui ne se dit pas


Dire parfois ce qui ne se dit pas,
écouter le silence entre les mots,
l'hésitation légère, l'émotion.

Sentir ce qui passe, se passe là,
juste ce qui est, pas autre chose,
et s'en réjouir simplement.

Oser ressentir, partager,
sourire, pleurer,
se confier, rire, vibrer.

Amitié, ce joli mot d'amour, libre.

Lise, 23/11/11

vendredi 13 avril 2012

Une note douce

L'amitié comme une note douce,
limpide,
discrète,
tranquille.

J'écoute le silence, au sein même du brouhaha,
et je l'entends résonner au cœur.

jeudi 12 avril 2012

Présence


Et si l'amitié, c'était être présent à la présence de l'autre ?
Une présence avec un grand P
Être face à toi, face à l'être que tu es
Avec ce que je suis, avec ma propre présence

M'ouvrir et accueillir l'expérience de ta présence
M'ouvrir et ressentir ce qui se manifeste en moi et entre nous
M'ouvrir et découvrir que cela nous dépasse

Les leçons de la louve

être en veille permanente
dormir d'un oeil
renifler le vent
On ne surprend pas un loup, il accepte de se montrer, de venir vers vous, mais jamais vous pourrez le voir sans qu’il ne le sache.


etre tenace
ne jamais renoncer
se battre jusqu'au bout
Ce n’est pas le rôle qui apporte la joie, mais l’intensité qu’on met à sa réalisation.

protéger la vie
la sienne
celle des petits
accueillir ceux qu'on peut accueillir
aimer sans rien attendre

penser collectif
vivre la solitude sans amertume




mardi 10 avril 2012

philia hetairikè

"Mais qu'est-ce qu'une véritable amitié, cette philia hetairikè, cet amour des amis, de même sexe ou de sexe opposé ?
[]
Il est avant tout un autre qui me confirme dans mon altérité. Nous n'avons pas obligatoirement la même foi, les mêmes pensées, les mêmes désirs, et c'est t ant mieux. C'est là l'occasion d'un échange qui ne conduit pas nécessairement au conflit ou à l'affrontement.  Il est aussi mon égal, il me confirme dans mon identité. 
[]
L'amitié est l'attente d'un échange, d'un échange dans lequel chacun doit donner sa part. On attend de son ami qu'il nous comprenne ou, s'il ne le peut, qu'il cherche au moins à comprendre, ou qu'il accepte, qu'il nous accepte  dans notre différence...
 []
L'amoureux ou la passionnée supporte difficilement les aveux de faiblesse de l'aimé(e), seul l'ami est capable de nous accueillir non pas comme nous aimerions être, mais tels que nous sommes. Il n'est pas là pour nous confirmer dans nos illusions ( le flatteur, le faux ami) mais dans notre réalité."

Catherine Bensaid et Jean-Yves Leloup, Qui aime quand je t'aime?   






 et là un lien vers l'échelle des états amoureux

lundi 9 avril 2012

Donner, recevoir

philia est un type de relation qui se nourrit de l'échange .


Donner est un élan qui me porte.
Parfois, ami, je me demande si je sais accueillir ce que tu donnes.

Accueillir ne m'est pas toujours aisé.


Car il faut pour cela reconnaître cette fragilité-là, ce creux, cette plainte, ces pleurs, ces peurs que je masque souvent.
Les accepter, les aimer. 
M'aimer.

Sortir de mes habitudes et goûter l'instant, tel quel, sans vouloir l'attraper.
Avec ses joies et sa tristesse, parfois.

Cela ne m'est pas aisé.

Alors si je fais ma fière, vois que je pleure peut-être.
Et si je pleure, vois la force en moi.





J'ouvre la porte aujourd'hui à toute une partie de moi que j'ignorais.  
A une véracité que j'offre à l'amitié.

Lise

lundi 2 avril 2012

L'amitié

L'amitié

L'amitié est un souffle.
Un vent chaud et doux
qui souffle sur mon âme.

Doucement, il en ouvre la porte.

C'est un vent chaud.
Un vent du désert
Qui transporte du sable.

Doucement, il pénètre
et se pose en mon âme.

Je l'invite.
Il s'installe.

Il se pose en mon âme.

O doux hôte,
Doux ami de mon âme.
Te voilà reparti.
Il me reste le sable,
Trace de ton passage
Et de ton amitié qui s'installe

Tigre

La fenêtre ouverte

Ton amitié, comme une fenêtre ouverte sur la forêt.

Si  je tends l'oreille, j'entends le ruisseau qui rit dans les herbes folles, les chants d'oiseaux qui préparent leurs nids, le vent qui joue des arbres comme d'une harpe.

Si j'ouvre les yeux, je distingue les écureuils amoureux jouant dans les branches, toutes les nuances des couleurs du vert le plus tendre au brun le plus soutenu.

Si je ferme les yeux, je peux sentir d'ici le parfum vert des feuilles fraîches, et la note plus grave de l'humus, la brise m'apporte le parfum des violettes.  

J'ouvre mon cœur au mystère de ce printemps-là, à cette forêt changeante et inconnue.