mercredi 30 mai 2012

Grain de malice

Un grain de sel,
fleur de vague.

Un grain de sable,
fleur de désert

Un grain de folie,
fleur d'imaginaire

Un grain de blé,
pain rompu et partagé


Grains qui volent au vent
et parfument le présent

lundi 28 mai 2012

Sourate du vide

Trouvé ici

Sourate du vide
"Désapprendre. Déconditionner sa naissance.
Oublier son nom. Être nu.

Dépouiller ses défroques. Dévêtir sa mémoire.
Démodeler ses masques.

Déchirer ses devoirs. Défaire ses certitudes.
Désengranger ses doutes. Désemparer son être.

Débaptiser sa source. Dérouter ses chemins.
Défeuiller ses désirs. Décharner ses passions.


Désacraliser les prophètes. Démonétiser l'avenir.
Déconcerter l'antan. Décourager le Temps.

Déjouer la déraison. Déflorer le délire.
Défroquer le sacré. Dégriser le vertige.

Défigurer Narcisse. Délivrer Galaad.
Découronner Moloch. Détrôner Léviathan.

Démystifier le sang. Désosser le singe.
Déshériter l'ancêtre.

Désencombrez votre âme.Déséchouez vos échecs.
Désenchantez le désespoir. Désenchainez l'espoir.

Délivrez la folie. Désamorcez vos peurs.
Désarrimez vos cœurs. Désespérez la Mort.

Dénaturez l'inné. Désincrustez l'acquis.
Désapprenez-vous. SOYEZ NU."


Jacques LACARRIERE In "Sourates"
Jacques Lacarrière, cet amoureux de la Grèce antique
ce marcheur sage de Chemin faisant, 
un de ces compagnons d'enfance qui peuplaient ma solitude et que je retrouve avec bonheur.

dimanche 27 mai 2012

Là-bas, ici

Là-bas, le temps s'était arrêté. 
Plus que l'instant, unissant intimement présent et passé, 
puisque d'avenir il n'y avait plus. 

Là-bas, c'était le pays d'enfance, revenu d'un coup, 
ses saveurs joyeuses, ses profonds désespoirs,
les livres comme certitude qu'un jour, la vie s'ouvrirait.

Là-bas, c'était la retrouver, elle, ma sœur chérie. 
Dire tout ce que nous ne nous étions jamais dit.
Unies.

Là-bas, c'était le fleuve, son souffle puissant, 
cette force sans concession, 
la vie, sans fard, la mort, si douce.


Ici, le temps se traine dans ses méandres, 
presque arrêté dans les déchets de la rive.
J'aspire à filer à nouveau au milieu du courant.
Encore tant de mois pourtant... 

Ici, trouver le moyen de surnager, de respirer d'ici-là, 
prendre des forces dans le soleil, le rire, la joie,
tenter de vivre, sans me cacher, sans me mentir.



Ici et là-bas, 
dans le silence, 
dans la présence, 
sentir le rythme juste, 
respectueux et plein.

samedi 19 mai 2012

La lagune

C'était il y a longtemps,

En cette période incertaine et douloureuse, était apparu un paysage d'eau.
Tons très doux de certaines aquarelles. Vert, gris, brun. Un rien de blanc, une touche de bleu au fond du ciel.
Un vent léger faisait frissonner les herbes plates au bord du courant.
Une barque immobile. Le léger clapotis des flots contre sa vieille coque vermoulue.

Paysage d'entre deux mondes. 
Immensité sans forme, sans rive visible.


Je claquais des dents, frissonnant de froid et de peur.
Il me fallait rejoindre la terre ferme mais quelle direction prendre, comment avancer ?
Les quelques bancs de sable qui affleuraient étaient-ils solides ou trompeurs ? 
Sans carte, ni repères, je commençais à m'affoler, désespérant de trouver la rive avant la nuit.


Elle m'avait aidé à observer vraiment, 
l'eau, le vent.

A accepter de cheminer patiemment, 
sans savoir combien de temps l'errance durerait.

A me constituer un nécessaire de survie, 
une tente démontable où je serais à l'abri, au sec, 
sur un tapis moelleux aux tons rouges et bleus, 
avec des provisions pour me restaurer, une braise préservée, du thé pour me réchauffer.

Un endroit où je pourrais dormir, manger, pleurer, chanter, 
garder la joie, la vie.


Tant et tant de mois plus tard, la rive est là. 
Elle s'est révélée bien autre que dans mes rêves d'hier.
Il m'a fallu renoncer, abandonner, trancher.

La vie, le chant sont plus que jamais vivaces dans le soleil revenu, 
la terre ferme retrouvée.

Le périple n'est pas terminé,
alors, j'espère ne pas oublier.

Maman


Dans cette chambre, dans ce lit,
ne restait, la tempête passée,
que son souffle .

Dernière amarre,
solide et fragile à la fois,
toutes les autres s'étant petit à petit délitées.

Son dernier soupir,
si doux,
caresse d'Amour,
pour la délier.


La mort nous a rendu ta présence entière,  maman,
sans la maladie,
sans la peur,
sans la colère.

Je ne peux que remercier,
infiniment,
de ce que nous avons vécu,
toutes quatre ensemble,
et qui nous porte maintenant.


"On m'a tranché le cœur pour y verser un vin miraculeux."
Christian Bobin,  Carnet de soleil

dimanche 13 mai 2012

Comme les deux ailes diaphanes d'une libellule

"Je suis un jour entré dans un lien où chaque parole de l'un était recueillie sans faute par l'autre. Il en allait de même pour chaque silence. Ce n'était pas cette fusion que connaissent les amants à leurs débuts et qui est un état irréel et destructeur. Il y avait dans l'amplitude de ce lien quelque chose de musical et nous y étions tout à la fois ensemble et séparés, comme les deux ailes diaphanes d'une libellule. Pour avoir connu cette plénitude, je sais que l'amour n'a rien à voir avec la sentimentalité qui traine dans les chansons et qu'il n'est pas non plus dans la sexualité dont le monde fait sa marchandise première - celle qui permet de vendre toutes les autres. L'amour est le miracle d'être un jour entendu jusque dans nos silences, et d'entendre en retour avec la même délicatesse : la vie à l'état pur, aussi fine que l'air qui soutient les ailes des libellules et se réjouit de leur danse."
Christian Bobin - Ressusciter.

samedi 12 mai 2012

Silence

Le silence dans la tête,
le cœur qui s'étale à l'infini,
pour tenter de contenir
la mort et la vie.

Les minutes qui s’égrènent,
soudain pleines
de ce souffle de vie.

Il n'y a que d'être,
il n'y a que l’Être,
et la vie.

mercredi 9 mai 2012

Paul Klee - Le ballon rouge

Comme une intense sensation d'enfance...

mardi 8 mai 2012

La joie

Je cherche la joie,

cette source au cœur,
qui murmure et s'amplifie,
jusqu'à remplir tout l'être
de sa douce chaleur.

Elle va avec le don, la confiance,
l'écoute et le respect
du rythme de ce qui est.


Un instant, et une porte s'ouvre,
soudain mystère.
Et c'est une ouverture immense,
un ciel entier !

Vertige.
Fermer le yeux et savourer
cet émerveillement de tout l'être,
de tout  l’Être.


Je cherche la joie,
et parfois elle me cueille, recueille.

Os contre os

"Il y a chez chaque homme et chez chaque femme, une partie d'eux même qui se refuse à admettre que dans toute histoire d'amour, la Mort doit prendre sa place.
Pour aimer, nous devons perdre nos illusions sur l'amour, voir mourir nos attentes superficielles, nos élans, nos impulsions. En amour, tout tend à être séparé. Tout. Et le moi ne veut pas en entendre parler.
Ce qui meurt, ce sont nos attentes de tout posséder, nos illusions, nos attentes de n'avoir que la beauté des choses. Et tout ceci meurt, parce que l'amour nous emmène dans la nature de la mort. Et s'engager dans l'amour, c'est s'engager à revivifier la mort et ses enseignements.
Les histoires d'amour vacillent lorsqu'elles passent du stade de l'anticipation à l'étape où il faut affronter ce qui est accroché à l'hameçon. C'est le besoin de forcer l'amour à se perpétuer uniquement sous sa forme positive qui finit par provoquer la mort de l'amour.
Aimer, cela veut dire "rester avec". Cela veut dire émerger d'un monde de fantasmes pour entrer dans un univers où un amour est possible. C'est rester lorsque votre corps vous crie "fuis".
La fuite, la peur de l'intimité ou celle de s'engager sont un problème de confiance en les cycles de Vie - Mort - Vie. Or, ce travail doit s'accomplir et si nous la repoussons, cette Mort nous poursuivra sans relâche, c'est son travail. Le nôtre, c'est d'apprendre l'étreinte avec elle. Car aimer le plaisir n'exige pas grand chose, alors qu'aimer vraiment exige que l'on soit un héros capable de gérer sa propre peur."

Clarissa Pinkola Estés, Femmes qui courent avec les loups, (La femme squelette)




Oui, claquer des dents et y aller quand même.
Passage très étroit des naissances où l'on ne sait jusqu'au bout ce qu'il adviendra.
Pousser de toute son âme, et savoir reprendre des forces le temps que le passage se fasse.
Épouser étroitement ce rythme essentiel, solitude et confiance.

J'ai repris le chemin du tapis.
Jambes qui tremblent, souffle entrecoupé, tout mon corps hurle.
Et pourtant retrouver le sol c'est retrouver la vie, la vraie, la seule.

Je crois que je suis en train d'apprendre à m'aimer. J'en pleurerais.

samedi 5 mai 2012

Qu'il fasse froid ou non

"Qu'il fasse froid ou non, Dieu est ici"      CG Jung
 cité par Haruki Murakami dans 1Q84 (livre 3)


jeudi 3 mai 2012

Constellation d'étoiles

Tous ces visages, tous ces regards, tous ces sourires
toutes ces larmes, tous ces rires.

Ces mots et ces silences,
de tout près ou à distance.


Ceux qui nous bercent,
ceux qu'on croise,
ceux qu'on laisse.

Ceux qui restent.
ceux qui partent,
ceux qu'on porte,

Ceux qu'on ne croisera jamais,
et pourtant qu'on connait.



Dans mon cœur toute une constellation d'étoiles.
espace d'amour tranquille
dans le chaos renouvelé.


Comment regretter ?
comment ne pas espérer ?
comment ne plus donner ?

Je veux vivre portée
par cette force terrible
et si douce à la fois.


Ma vie, je te chéris,
quoi que tu apportes sous mes pas,
pour cette constellation d'étoiles,
et pour la Joie.

mardi 1 mai 2012

Un guide dans la tempête

Dans la tempête, bien choisir ses guides est essentiel.

Je me replonge avec grand bonheur dans le château ambulant, avec le sentiment que tout y est.
(avec une préférence pour Calcifer, qu'on rencontre dans la deuxième partie)



le chateau ambulant 1 par chatyne