samedi 19 mai 2012

La lagune

C'était il y a longtemps,

En cette période incertaine et douloureuse, était apparu un paysage d'eau.
Tons très doux de certaines aquarelles. Vert, gris, brun. Un rien de blanc, une touche de bleu au fond du ciel.
Un vent léger faisait frissonner les herbes plates au bord du courant.
Une barque immobile. Le léger clapotis des flots contre sa vieille coque vermoulue.

Paysage d'entre deux mondes. 
Immensité sans forme, sans rive visible.


Je claquais des dents, frissonnant de froid et de peur.
Il me fallait rejoindre la terre ferme mais quelle direction prendre, comment avancer ?
Les quelques bancs de sable qui affleuraient étaient-ils solides ou trompeurs ? 
Sans carte, ni repères, je commençais à m'affoler, désespérant de trouver la rive avant la nuit.


Elle m'avait aidé à observer vraiment, 
l'eau, le vent.

A accepter de cheminer patiemment, 
sans savoir combien de temps l'errance durerait.

A me constituer un nécessaire de survie, 
une tente démontable où je serais à l'abri, au sec, 
sur un tapis moelleux aux tons rouges et bleus, 
avec des provisions pour me restaurer, une braise préservée, du thé pour me réchauffer.

Un endroit où je pourrais dormir, manger, pleurer, chanter, 
garder la joie, la vie.


Tant et tant de mois plus tard, la rive est là. 
Elle s'est révélée bien autre que dans mes rêves d'hier.
Il m'a fallu renoncer, abandonner, trancher.

La vie, le chant sont plus que jamais vivaces dans le soleil revenu, 
la terre ferme retrouvée.

Le périple n'est pas terminé,
alors, j'espère ne pas oublier.

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